2017 700 ANS DU DIOCESE DE VENDEE

 

Aux Colibris !

Le mouvement « Colibris » tire son nom d’une légende amérindienne, racontée par Pierre Rabhi, son fondateur :

Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : "Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! "

Et le colibri lui répondit : "Je le sais, mais je fais ma part."

 

 

Quelques notes suffisent pour identifier lors d’une cérémonie officielle la sonnerie : « Aux Morts ». Hommage mémoriel au sacrifice de ceux qui sont tombés pour que nous vivions debout.

 

L’histoire de notre diocèse, qui fête son septième centenaire, est riche des apports de beaucoup de ses fils et filles. Vies humbles, « vies minuscules », dont la mémoire, souvent, s’est perdue avec leurs noms ;  la gloire des autels ne les a pas touchées.

 

Plus près de nous, acteurs majeurs des bouleversements vécus au siècle dernier, des hommes et des femmes de Vendée ont contribué à faire ce que nous sommes aujourd’hui. Nombre d’entre eux ont trouvé dans la foi chrétienne le ressort de leur action. Objets de méfiance prudente autant que d’admiration envieuse, parfois moqués, ils ont « fait leur part » à la manière du colibri de la fable.

 

Par fidélité à leur mémoire, et aux services rendus, Josias propose cette galerie de portraits en souhaitant que d’autres l’enrichissent encore de leurs souvenirs.

 

 Félicien Pateau   le 1° jin 2017

Félicien Pateau est né le 27 mars 1915, à St Mathurin. Il était pupille de la nation. Son père est mort sur le champ de bataille en 1917. Il a deux ans. Il connaît une enfance difficile avec une situation de pauvreté dont il gardera le souvenir toute sa vie : sa mère allait glaner dans les champs

 

Doué à l’école, il n’aura pour tout diplôme que son certificat d’études primaire (CEP). Et pourtant sans avoir fait d’étude, il deviendra un leader reconnu localement et au plan national.
Après son CEP, il trouve une place d’apprenti chez un épicier, mais quand il se présente, la place est prise. Il devient alors ouvrier agricole ; il a 13 ans. Il découvre alors ce que sera sa vocation :  défendre et promouvoir le monde paysan. Ses oncles lui cèderont quelques hectares de terre à Tournefeuille en St Mathurin. Il dira à son fils Loïc : « Il n’y a pas de déshonneur à travailler la terre. » Il reçoit les insignes d’Officier dans l’ordre de la Légion d’Honneur, en janvier 1980, et remercie pour « cette distinction aussi importante rarement remise à un petit paysan. »

 

Petit paysan, oui, il le restera sur cette ferme d’une dizaine d’hectares. Très rapidement, compte tenu de ses responsabilités, il prendra un salarié agricole. « Je ne l’ai jamais vu prendre ses bottes, dit un de ses anciens voisins. Il était à la frontière de l’agriculteur et du notable (au sens positif du terme : celui qui est un passeur). Il n’était pas trop porté sur le métier proprement dit d‘agriculteur. Son exploitation n’était pas à la pointe. Il n’était pas dans les aspects techniques, mais en revanche, beaucoup plus dans le social et le politique. Sa notoriété s’est imposé, là. » . Des gens se sont investis, comme lui, dans les organisations. Le développement économique est venu après. Son regard à lui était autre, passionné par la valeur de l’Homme. « Il y a sacrifié sa santé et sa vie de famille, tout cela pour les autres. »

 

Il avait été mobilisé en 1939 dans les blindés au début de la guerre. C’est là que commence à s’affirmer sa personnalité : il tient tête à quelques gradés qui se moquaient des attardés de la campagne. Leur répondant publiquement pour défendre le monde paysan, il fut chaleureusement applaudi et… convoqué chez le lieutenant-colonel : « Alors, Pateau, on fait des siennes, à la caserne ! » Puis : « Vous deviendrez député » Ca a failli ! ce fut sa première prise de parole publique. Il en gardera un fier souvenir.

 

En 1941, ses engagements le conduisent à prendre des responsabilités au sein de la puissante corporation paysanne. En 1944, il organise pour la jeunesse des veillées mi patronage, mi-JAC afin de contribuer à l’émancipation du monde agricole. Il deviendra ensuite Secrétaire, puis Président de la Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA), ensuite président de la Chambre d’Agriculture. Au titre de ses engagements agricoles, il sera nommé au Conseil Economique et Social.

 

Démobilisé comme pupille de la nation, il entre au conseil municipal comme adjoint en 1942. Il était d’un tempérament fougueux : il prend la mairie à 30 ans. Il deviendra ensuite conseiller général et sera élu Vice-Président du Conseil Général (aujourd’hui Conseil Départemental). Il s’engagera avec force pour l’installation du téléphone dans la campagne, et aussi pour l’électricité dont les gens avaient peur : « Ca fait tourner le lait » ; Il fallait convaincre et il sait faire.

 

Ces responsabilités sonnent comme une revanche sociale après son enfance de pauvreté, et en même temps témoignent d’un très grand souci de justice. Il refusera toujours de se faire « pistonner », afin de n’être prisonnier de qui que ce soit et de garder sa totale liberté. Il n’avait pas de plan de carrière. Il se méfiait de l’esprit de système et voulait rester libre intellectuellement. Il ne voulait à aucun prix se lier à un camp ou à l’autre. « J’ai toujours mon franc parler, n’ayant pas peur de critiquer les décisions des Pouvoirs Publics ou du Ministre de l’Agriculture - déclarera-t-il lors de cette remise de décoration - et je continuerai à m’exprimer aussi librement, devrais-je parfois déplaire. Je n’ai pas l’intention, à cause de ces insignes qui me sont remises, de modifier mon comportement. » Auguste Gris, autre grande figure de l’agriculture vendéenne, parlera ce jour-là « du courage qu’il fallait alors par rapport aux tutelles exercées par des personnes qui ne mesuraient pas les pesanteurs qu’elles incarnaient : clergé, notables, etc. »
 

Il perd son épouse très tôt. « Elle était très attentive : il fallait gérer la maison avec tout le monde qui défilait et il n’y avait pas de filtre pour refuser qui que ce soit, ni pour les visites, ni pour le téléphone.  Sa disponibilité était égale à celle de Félicien. Son abnégation n’empêchait en rien sa sérénité extérieure pour accueillir les gens, « même si en son cœur, elle s’inquiétait des innombrables retards et de la fatigue qui s’accumulait chez celui avec lequel elle partageait tout. » Ils allaient à Lourdes chaque année comme brancardiers. C’était souvent les seuls moments de vacances qu’il prenait. Son fils se rappelle des deux seuls séjours de vacances, l’un à Voiron et l’autre à Aurillac. Elle décède en 1968 dans un accident de voiture. Il en fut très marqué. Ce départ était trop précoce.

 

Quel homme était-il ? Quelle était sa ligne de conduite ? 

 

« Il était quelqu’un d’important, qui voulait faire surgir les choses, dit son voisin, Il avait une vision de ce que le monde agricole pouvait devenir. Il fait partie de cette génération d’hommes qui se sont investis par conviction et sans lesquels le reste n’aurait pas exister. Il voulait reprendre la main, reprendre le pouvoir à ceux qui l’exerçaient de manière figée sans faire droit à l’évolution. » Il disait : « Plus on monte dans l’échelle sociale, plus il faut se rapprocher du bas de l’échelle, pour se rappeler d’où l’on vient. » Une très grande sensibilité et le refus de l’injustice.

 

C’est quelqu’un qui était très proche.

Il s’est engagé très jeune. « Il était révolté contre la mainmise des nobles sur les paysans Il a essayé très vite de prendre la main contre eux. Il s’est battu contre cette emprise. » Il souhaitait innover... que le monde agricole soit reconnu et se modernise ; que les gens « soient fiers de leur travail, de ce qu’ils étaient, et sans honte. Faire progresser le monde paysan, le mobilisait, amener les gens à se syndicaliser, à s’unir. Lui-même dès 1941 s’engage au service du monde paysan. Il a beaucoup travaillé pour les organisations professionnelles et politiques.

 

C’était un homme de grande sensibilité mais aussi volontaire, parfois têtu. Au préfet qui voulait le faire revenir sur sa décision d’organiser une manifestation paysanne, au moment des grands crises agricoles des années 50, et qui lui enjoignait de lever les barrages sur les routes : « Si vous le faites, je ferai venir l’armée », il répond : « Vous aurez deux charrettes de fumier devant les militaires pour les empêcher d’intervenir. » 

Très attaché à la Vendée. Il écrira : « Chacune des parcelles du sol que nous foulons porte un nom et a son histoire… »[1]

 

C’était un personnage, une forte personnalité. Il n’avait pas d’études longues. Il avait acquis des connaissances sur le tas, par ses nombreux contacts. « A l’époque, les organisations ne sont pas assez structurées pour informer les paysans. Il fallait voir le monde qui défilait chez lui pour lui demander conseil. » Il n’y avait alors, pas beaucoup de services. Il avait très souvent des demandes express des gens. Il avait acquis sur le tas beaucoup de connaissances. Mais il lisait beaucoup : les philosophes, Platon, Aristote… les romanciers engagés, Zola, et aussi des polars Il était curieux par nature, cherchant à évaluer, à avancer. Il avait une très grande mémoire et retenait tout ce qu’il lisait. Et Il était dérangé sans arrêt. Il s’était donné une méthode : être proche, garder les pieds sur terre, analyser les situations, en saisir les conséquences de ce que l’on fait, étudier le pour et le contre et ne pas se départir de son bon sens. On appelle cela l’éducation populaire… Et il y avait la queue tous les jours dans la cour de la maison, de ces gens du peuple. Il n’y avait pas d’heure. « Cet homme aux qualités naturelles de cœur et de foi »

 

Il n’avait pas une vision intellectuelle de la religion, une foi simple, pas intellectuelle, mais critique. « catho de centre droit ». Il pratiquait régulièrement. Son curé s’appelait l’abbé Neau. Par malice il avait appelé soin chien Pernod. Pendant sa maladie, il fit l’expérience de l’abandon de beaucoup de ceux qu’il avait aidés, pour qui il avait débloqué nombre de dossiers, afin dépanner les petites gens. Lui avait de l’amitié et de la reconnaissance pour ceux qu’il connaissait, et il connaissait beaucoup de monde.

 

La fin de sa vie fut douloureuse, atteint de la maladie de Parkinson. Il bénéficiera des premiers traitements à la Dopamine, à titre expérimental. Ce qui lui permettra de retarder la dépendance à cette maladie

 

Il meurt le 24 septembre 1986

 

« En Vendée, il y avait deux personnalités fortes : Mgr Cazaux , et…Félicien Pateau »

Il rencontrera le pape qui lui donnera une poignée de mains, et disait-il avec humour : « Depuis, je ne me lave plus les mains. »


[1] Préface à la monogra^phioe de la commune de St Mathurin, écrite par René Deminier, imprimeruie Delhommeau et Cie 85 La Chaize-le-Vicomte, 1973

 

  1.   La Mothe.pdf (5642 04)

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Frère Becot Mothe Achard

 

Michel Hayreaud

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Careil.pdf (270605) le 3 février 2O17

 

delaunay 2.pdf (159873)  le 3 février 2O17

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